Le Monde : « Prendre conscience que la politique, c’est du temps long »

Novices, les députés LRM issus de la société civile arrivés à l’Assemblée nationale en 2017 ont fait l’expérience du mandat législatif

Mariama Darame

Annie Chapelier pensait avoir trouvé la bonne formule. « Députée de Macron, trois petits tours et puis s’en va ! », dit-elle, un demi-sourire aux lèvres. La députée de la 4e circonscription du Gard (Agir en- semble) achève son mandat dans quelques semaines, comme les 568 autres élus de l’Assemblée nationale toujours en fonctions après cinq ans. « Ça devait être le titre de mon livre mais j’ai changé d’avis, ça sera finalement « Un Parlement en toc » », poursuit-elle.

L’ex-élue La République en marche (LRM) ne se représentera pas aux élections législatives des 12 et 19 juin, comme une cinquantaine de députés au sein de la majorité. « Le constat que je fais est celui d’une Assemblée qui n’est plus qu’une vaste pièce de théâtre où l’on nous demande de jouer un mauvais rôle. La démocratie représentative ne fonctionne absolument plus », affirme-t- elle.

Cinq ans plus tôt, Mme Chapelier fut l’un des rouages de l’épopée électorale qui a conduit Emmanuel Macron et LRM à obtenir la majorité à l’Assem- blée, avec 314 députés. Elle atterrit sur les bancs du Palais-Bourbon après qua- tre semaines de campagne « fulgurante» et le livre d’Emmanuel Macron, Révo- lution (XO éditions, 2016) entre les mains.

Renouveler la vie politique

Avec 72 % des sièges de l’Hémicycle renouvelés, le scrutin de 2017 est sans précédent. La fameuse société civile sélectionnée sur CV et portée par la vague Macron prend ses marques. Le credo est simple : le nouveau monde supplante l’ancien. Pour preuve, la précédente majorité socialiste et ses « professionnels de la politique, au pouvoir depuis des dizaines d’années », selon les termes utilisés dans un clip de campagne d’En marche !,sont terrassés par ces novices, dont une centaine sont peu politisés et pas très au fait des codes de l’institution. « On s’aperçoit très vite qu’on est tout seul et qu’il n’y a pas de formation », se souvient la députée de la Nièvre (MoDem, ex-LRM) Perrine Goulet, ancienne ingénieure dans une centrale nucléaire.

Les profils des élus ont rajeuni, certains sont issus de la diversité. La parité est quasiment respectée, avec 47 % de femmes dans le groupe LRM. Et une promesse : renouveler la vie politique. Bienveillance, travail et expérience du terrain sont alors les maîtres mots. Ce changement de visages doit rimer avec nouvelles pratiques en politique, et amorcer la fin de la défiance envers les élus. « C’est assez frappant de constater que celles et ceux qui avaient été forte- ment mis en avant pendant la campagne de 2017 sont finalement les personnes que l’on a assez peu revues ou réen- tendues dans l’espace médiatique », souligne Juliette Bresson, doctorante en science politique au Centre d’études et de recherches administratives, poli- tiques et sociales à l’université de Lille.

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A moins de cinquante jours de l’élection présidentielle, la majorité guette la stratégie de campagne de son candidat pour se positionner. « Je suis loin d’avoir le bilan honteux, temporise Mme Goulet , mais il ne faut repartir que si l’on est convaincu par l’homme et son programme. » Quel récit le chef de l’Etat portera-t-il pour ses troupes ? Dans le groupe LRM, peu osent parier sur un discours centré sur le renouvelle- ment de la politique après un quinquen- nat emprunt de verticalité. « Encore au- jourd’hui, dire qu’on est différent des autres marcherait, soutient M. Moreau, mais, cette fois-ci, on va avoir en face Zemmour qui va faire exactement la même chose que nous à l’époque : présenter des gens nouveaux. Ce ne sera pas un argument suffisant. »

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